Leadership

Les start-up vont-elles ubériser les RH ?9 min read

12 juin 2018 5 min read

Les start-up vont-elles ubériser les RH ?9 min read

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Les ressources humaines sont essentielles au succès des entreprises, mais toutes les sociétés n’ont pas forcément les moyens de les gérer en interne. Certaines start-ups l’ont bien compris avec des services d’externalisation qui ont le vent en poupe. Notre enquête au cœur de la RH Tech.

La RH Tech comme on l’appelle est aujourd’hui en plein développe- ment. Il s’agit un marché qui n’a rien de confidentiel, puisqu’il est évalué à plus de 2,6 milliards d’euros, et les spécialistes lui promettent un beau développement. Le marché est florissant en France et l’innovation en matière de ressources humaines est en plein essor.

Au service de l’entreprise de demain

En fonction des domaines, la courbe de maturité des jeunes entreprises est diffé- rente. Ainsi, les secteurs du recrutement et de la formation sont clairement les plus avancés en matière de création de start-ups, avec une offre qui commence à correspondre au marché et à répondre à ses besoins.

Cela n’est pas encore le cas du côté du Talent Management ou de la Vie au Travail où les start-ups sont encore aux prémices de leur développement, du moins en France. L’écosystème grandit donc, même si un point peut sembler surprenant : les créateurs de ces entreprises proviennent en grande majorité d’autres secteurs. Ils travaillent sur la société de demain, celle qui fonctionnera avec une fluidité nouvelle autour de l’emploi, sans pour autant être a priori des pros de la RH.

Des créateurs qui ne manquent pas d’idées

Ces créateurs ont des idées à revendre : face à l’obligation de déconnexion, Timyo a créé une solution permettant de gérer son temps face aux emails. Mobiliwork permet le prêt de salariés entre entreprises, d’autres services sont proposés en matière de communication automatique, de logiciels de recrutement particulièrement performants, parfois basés sur des algorithmes sophistiqués.

L’avenir semble donc rose pour ce secteur qui attire de plus en plus d’investisseurs (entre deux et trois milliards de dollars en 2017). La formation, le social et le bien-être au travail sont parmi les domaines les plus en pointe actuellement. Les spécialistes du secteur pensent que cette nouvelle RH Tech est en train de transformer véritablement le monde du travail et du management.

Les « chatbots » intelligents

Peut-être n’êtes-vous pas familier de ce vocabulaire, pourtant il est on ne peut plus indispensable dans le domaine moderne de la RH. Il s‘agit de robots informatiques ou logiciels capables de converser avec un humain, client ou consommateur. Le « chatbot » se nourrit d’une bibliothèque de questions / réponses et poursuit son apprentissage grâce à ses capacités d’intelligence artificielle. Ainsi, il analyse et possède une certaine capacité de compréhension lui permet- tant de progresser dans ses missions.

Ces « agents conversationnels » comme on les nomme en français sont utilisés principalement dans les services clients et messageries instantanées. Leur langage est devenu de plus en plus performant, et ils sont à présent capables de donner des informations sur un sujet prédéfini, de réserver des billets, d’organiser un ordre du jour, etc.

Vers des agents conversationnels

Depuis peu, ils sont également utilisés dans les ressources humaines dans des domaines aussi variés que le recrutement, la gestion des carrières, l’évaluation des collaborateurs, la génération automatique de fiches de paie, la planification des congés… L’agent conversationnel va devenir « l’homme » à tout faire de la RH. Il ne s’agit pas d’outils destinés uniquement aux grandes entreprises, les TPE et PME sont également concernées par ces fameux agents qui ont pour but de leur faciliter la vie au quotidien.

De nouvelles fonctions voient le jour

Cette révolution de la RH a pour consé- quence de créer également de nouvelles fonctions, qui n’existaient pas en tant que telles. En communication, on a déjà le « community manager » ou animateur de communautés. En RH, parmi celles dont on parle le plus, on peut citer le « Chief Happiness Officer ».

Cette fonction de responsable en chef du bonheur si l’on traduit littéralement a bien entendu vu le jour dans la Silicon Valley, avant de finalement traverser l’Atlantique. Le poste intéresse surtout les start-ups, mais commence à attirer l’attention de l’économie traditionnelle. Belle ambition évidemment que de souhaiter que les collaborateurs de l’entreprise et leur direction soient heureux au travail. L’objectif est évidemment d’établir ou de rétablir une ambiance positive, permettant à chacun de donner le meilleur de lui-même.

Améliorer le bien-être collectif

En réalité cette fonction relative à la qualité au travail se renouvelle, mais existait déjà dans certaines sociétés au carrefour des ressources humaines et de la communication interne. A l’état embryonnaire, il s’agit d’organiser des événements permettant d’améliorer le bien-être collectif, de se tenir informé des problèmes importants pouvant impacter certains salariés et de formuler des recommandations, d’accompagner le personnel pendant certaines évolutions de l’entreprise, pendant un rachat par exemple.

Il s’agit d’une redéfinition totale de la communication interne qui doit être totalement assumée par la direction, car il est important que les changements soient visibles.

A l’heure de la fameuse RGPD

Autre type de fonction dont on entend de plus en plus parler : le « Data Privacy Officer », que l’on peut traduire par le Responsable des données privées. Cette innovation est la conséquence directe de la réglementation européenne sur la protection des données, obligatoire depuis mai dans les entreprises.

Le poste a plusieurs missions : la sécurisation des données, le partage avec les collaborateurs ainsi que l’application des nouvelles règles dans l’entreprise. Encore une fonction transversale au niveau des différentes directions, et un profil qui exige compétences informatiques, juridiques et de communication. Une perle rare !

Les leçons de la licorne Zenefits

Le monde de la RH tech n’est pas une exception dans l’univers économique, et parfois il convient de suivre le proverbe italien « Che va piano va sano ». Cette start-up du secteur RH a su convaincre les investisseurs, avec un tour de table à hauteur de 584 millions !

Il y a deux ans, la licorne américaine était devenue le chef de file d’un secteur considéré comme porteur. Un scandale et elle s’est effondrée rapidement et a dû licencier quasiment la moitié de son personnel début 2017.

Des levées de fonds encore modestes

En France, les levées de fonds restent modestes, voire trop modestes pour les besoins de croissance. Les risques sont encore considérés comme importants, le niveau d’intégration des systèmes Big data et Intelligence Artificielle étant encore assez bas dans les entreprises françaises, a fortiori dans le domaine des ressources humaines. Il est plus facile de faire l’unanimité sur des start-ups qui travaillent sur des sujets très classiques, comme la gestion de la paie, que sur des sujets plus complexes, comme le recrutement ou la gestion des compétences.

RH : le phénomène « Talentsoft »

Mais s’il y a une star dans le secteur des logiciels RH, c’est Talentsoft. En octobre 2015, cette jeune entreprise a réussi à lever 25 millions d’euros auprès de Goldman Sachs afin de renforcer sa présence à l’international. Elle a racheté quelques mois plus tard la société nantaise e-doceo qui effectuait déjà un quart de son chiffre d’affaires à l’export.

Une révolution technologique

Intelligence Artificielle, Big Data, Blockchain, ces termes barbares il y a encore une dizaine d’années sont aujourd’hui utilisés dans tous les secteurs de l’économie, y compris la RH. Les DRH se doivent de totalement réinventer leur mode de pensée et d’intégrer les nouveaux modèles et systèmes d’infor- mations afin de contribuer à l’avenir de leurs entreprises.

Un défi qui n’a rien de facile, comme chaque fois que les technologies obligent à un véritable saut dans l’inconnu. Les organisations sont en pleine transformation, ce sont les directions des grands groupes qui ont contribué à renforcer le mouvement. La plupart sont à la recherche de nouveaux outils, leur permettant une meilleure flexibilité permettant de garder leurs collaborateurs.

Des salariés en attente de solutions

Les attentes sont également présentes chez les salariés qui souhaitent trouver dans leur entreprise des progrès en matière digitale, ou être actifs dans leur propre développement de carrière. Les fameux milléniaux et les générations qui suivent sont particulièrement ouverts à ce type de progrès en matière de relations humaines.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nombre de créateurs dans ce domaine ne proviennent pas de la RH, mais ont été confrontés eux-mêmes à un manque ou un besoin non rempli qu’ils ont identifié et voulu combler.

Aujourd’hui, on compte en France environ 600 start-ups travaillant dans ce domaine d’activité. L’association Lab RH créée en 2015 avec une trentaine de jeunes pousses en compte aujourd’hui plus de 400.

Et elles doivent aussi résoudre les problèmes soulevés par leurs propres recrutements. Une façon de progresser en se heurtant directement au réel. Car si les derniers chiffres semblent optimistes avec des levées de plus de deux milliards d’euros, au niveau mondial, il n’en reste pas moins que les risques sont élevés et que seule une minorité parviendra à survivre à deux ans. Nous sommes au tout début de l’aventure.

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