Égalité homme-femme : non, le combat n’est pas terminé !6 min read
Impossible de parler d’égalité dans le couple sans parler d’abord de l’égalité hommes-femmes de façon plus générale, car les deux sujets sont fortement liés. En ce début de XXIe siècle, la France est toujours un pays de contrastes, voire de contradictions, en ce qui concerne la question de la mise en oeuvre du principe, constitutionnel depuis 1946, d’égalité des femmes et des hommes devant la loi.
Pendant des siècles les rôles ont été prédéterminés. A l’homme, la charge de nourrir sa famille, par la chasse, puis le travail, et de lui accorder sa protection ainsi qu’à ses enfants. La femme quant à elle devient mère, éduque ses enfants, et gère ce qui est devenu son intérieur.
Un statut qui évolue lentement
Cela s’est fait on peut dire naturellement, au fil du temps, sans que rien ne soit remis en question, sauf à de rares moments. La femme n’est alors pas considérée comme un sujet, mais plutôt comme un objet…
Le statut de la femme ne va qu’évoluer très lentement. En France, il a fallu attendre la fin de la seconde guerre mondiale pour que les femmes aient le droit de vote, et encore des années avant qu’elles ne puissent ouvrir un compte en banque.
En Angleterre, les femmes se sont montrées plus rebelles avec le mouvement des suffragettes qui a été décrié, mais a fini par porter ses fruits. Elle n’est plus seulement le symbole de la maternité ou du sexe. Aujourd’hui la question passionne. Les planètes Mars et Vénus ont pris une autre signification, les deux sexes paraissant tellement opposés qu’ils semblent venir de planètes différentes.
Égalité homme-femme : où en sommes-nous à présent ?
Les avis divergent entre celles qui pensent que les progrès sont bel et bien intégrés au quotidien et celles qui considèrent qu’un retour en arrière est en cours. Le fait est que l’égalité recouvre bien des domaines différents sur lesquels s’accorder ou se disputer. On parle aussi bien des salaires que de l’évolution professionnelle et des relations de couple, sans oublier la sexualité, la sociologie et l’ethnologie.
De l’égalité salariale
Le combat pour l’égalité se concentre aujourd’hui essentiellement sur les salaires et le fait que la maternité ne doit pas être prétexte à retard de promotion et d’avancement. Sur le principe, difficile de ne pas être d’accord que l’on soit homme ou femme. Mais la réalité à la vie dure et les écarts salariaux sont encore importants en France.
Que le salaire soit au minimum au tout en haut de l’échelle, la différence existe. Et plus on monte dans la hiérarchie, plus cette différence devient flagrante. Si la progression a été évidente de 1950 à 1993, depuis, on peut parler de stagnation. Un combat qui reste donc à gagner.
On le voit aujourd’hui, rien n’est joué au sein du couple. La situation des femmes en particulier a complètement changé en quelques dizaines d’années. D’un rôle tout tracé de mère, de génitrice, de femme au foyer ou aux champs, rôle traditionnel qui a existé pendant des siècles, la femme s’est trouvée transformée en superwomen du moins en Occident.
Mais la mauvaise conscience est toujours présente, fréquemment attisée par les remarques d’autres femmes, par des maris qui ne retrouvent pas toujours leur place et par une société économique qui a du mal à être égalitaire. Coincées au milieu de ces exigences parfois incompatibles, les tiraillements de la mise au monde d’une nouvelle société ont fait porter aux femmes un sentiment de culpabilité massif. Contre lequel elles essaient de réagir tant bien que mal en fonction de leur propre personnalité, de leur âge, et des circonstances de la vie. Cet accouchement un peu douloureux d’un monde différent va probablement s’améliorer dans le temps.
Les besoins de la vie moderne provoquent des modifications implacables, parfois positives, parfois non, mais qui répondent à une demande d’épanouissement, d’indépendance, qui passe donc par le travail, l’argent, le divorce, la baisse du nombre d’enfants par foyer…
Egalité : nouvelle donne dans le couple
Un phénomène nouveau est présent dans notre société : le besoin d’individualisme se renforce. Y compris dans le couple, ce qui évidemment ne va pas sans conflit. Si les compromis se font, plus ou moins naturellement, certaines attitudes ne sont cependant globalement pas tolérées.
Les femmes continuent à revendiquer l’égalité dans le domaine des salaires ou de la représentation politique. Mais dans la sphère privée, le couple reste inégalitaire dans son fonctionnement, non pas vraiment consciemment, mais presque naturellement pourrait-on dire. Même si la révolution est en marche depuis déjà des années, elle est loin d’être terminée. Difficile de se défaire de modèles persistants, d’autant que ces changements ne sont pas toujours souhaités. Le pacs, l’union libre, le mariage pour tous ont cependant modifié les cartes, tout comme les avancées médicales.
Le piège de l’égalité
Les nouveaux droits acquis par les femmes en Occident ont parfois été interprétés comme une jolie enveloppe contenant du poison. En effet, si l’on adopte une position universaliste qui fait de l’homme et de la femme des êtres ayant strictement les mêmes droits, et donc les mêmes devoirs, la question se pose de la maternité, du travail de nuit, des travaux pénibles, etc. Il semble logique que la femme bénéficie d’une certaine protection de par sa nature même, ce qui vient pourtant contrevenir au droit strict.
Si l’on décide d’adopter une approche différentielle, le reproche est rapidement émis d’une forme de discrimination qui demande à être corrigée. L’exemple de la parité sur les listes électorales est sur le sujet assez parlant : les femmes ne sont pas suffisamment présentes dans la vie politique, il convient donc d’établir une liste où hommes et femmes sont en nombre égal. Sauf qu’inscrire une personne sur une liste uniquement de par son sexe peut sembler injustifié, voire incohérent.
D’un autre côté, ne pas créer les conditions permettant aux femmes de gérer une vie familiale en même temps qu’une vie politique signifie que peu de femmes auront la possibilité d’accéder à des postes équivalents à ceux des hommes. Vous avez dit : la quadrature du cercle ?
Si l’égalité homme-femme demeure un vaste débat sociologique, il n’est pas encore vraiment ancré dans la réalité. A croire que le sujet reste encore secondaire aujourd’hui.