Julien Carlier, CEO Social Dynamite : « Pendant trois ans, j’ai préféré embaucher plutôt que de me verser un salaire »3 min read
Social Dynamite est spécialisé dans l’accompagnement des marques et des dirigeants dans leur transformation numérique. Son fondateur et CEO, Julien Carlier, reconnait que la fixation du salaire des dirigeants est un sujet sensible dans une entreprise, surtout par souci d’exemplarité. Explications.
Quelles(s) forme(s) de rémunération avez-vous adopté ?
J’ai le privilège d’être aujourd’hui rémunéré en tant que salarié de Social Dynamite.
Comment vous êtes-vous rémunéré lors des premiers mois/années de votre start-up ?
C’est un long chemin… Pour être tout à fait honnête, j’ai commencé l’aventure Social Dynamite avec le meilleur business angel du monde : Pôle Emploi. Mais le soutien s’est arrêté très rapidement, six mois après la création de l’entreprise. Pendant les trois premières années, je n’ai pas été rémunéré du tout.
Le choix que j’ai effectué à l’époque est assez simple : à chaque fois que la croissance de Social Dynamite aurait permis de me rémunérer, j’ai fait le choix stratégique de recruter un collaborateur plutôt que de me payer, pour favoriser la capacité de croissance de Social Dynamite. Ce n’est que début 2015, soit trois ans après la création, que j’ai décidé de me rémunérer symboliquement, avec un Smic.
Enfin, comme nous faisons partie de la convention collective du Syntec (regroupement de syndicats professionnels spécialisés dans l’ingénierie, le numérique, les études, etc), le minimum conventionnel est légèrement supérieur au Smic. J’en ai profité. Après cela, jusqu’à récemment, à chaque fois que Social Dynamite avait de nouveau les moyens de m’augmenter, j’ai préféré recruter un nouveau collaborateur, et ainsi de suite… La dernière étape date du mois de juillet 2018. Depuis cette date, je me verse un salaire de 3000 euros nets mensuels, ce qui est un grand luxe pour moi désormais !
Avez-vous déjà été contraint de baisser ponctuellement votre rémunération ?
J’ai toujours considéré que la gestion d’une société était un exercice d’équilibre précaire. Si la progressivité de ma rémunération a été si lente, c’est justement pour ne jamais avoir à gérer des situations d’urgence.
C’est aussi un devoir pour nos autres collaborateurs, pour nos fournisseurs et même pour nos clients, de faire en sorte que Social Dynamite n’ait pas besoin d’ajuster ses dépenses pour des problèmes d’anticipation. Pour le moment du moins, le pilotage a été efficace et suffisant pour ne pas subir ce genre de désagrément.
Selon quels critères avez-vous fixé votre salaire ?
Dans les convictions et les valeurs de Social Dynamite, il y a la notion de transformer la culture des entreprises. En effet, j’ai l’intime conviction que les entreprises ne peuvent plus fonctionner comme au siècle dernier, à savoir se comporter comme des entreprises « intéressées » qui, pour simplifier, attendent juste d’un client qu’il paye, d’un fournisseur qu’il fasse son meilleur prix et qu’il livre au plus vite, ou d’un collaborateur qu’il se donne corps et âme avec un petit salaire. Ce n’est plus possible.
Les entreprises doivent être « intéressantes » et donc co-créer de la valeur avec toutes leurs parties prenantes, tant externes – clients et fournisseurs – qu’internes. Et c’est même l’une des bases fondamentales de notre métier !
Il va de soi que la fixation des salaires est un sujet sensible, surtout par souci d’exemplarité. Pour autant, le salaire n’est qu’un des leviers de reconnaissance et de motivation, et nous cultivons cela.
Pour simplifier, chacun doit pouvoir vivre avec le rythme de vie qui lui est propre. Mon niveau de rémunération a été fixé plus ou moins intuitivement, avec un souhait de décence et de respect des autres collaborateurs. Ce n’est pas la plus haute rémunération de l’entreprise.